L'accompagnatrice à la VAE Alexandra Sierra de Pro-avenir en interview

Aujourd’hui, je rencontre Alexandra Sierra, de Pro-avenir.com.


"Alexandra, vous êtes diplômée d’un master 2 en management et administration des entreprises, et d’une spécialisation en Management Financier. Vous accompagnez depuis plusieurs années des personnes dans leur démarche de VAE dans différents domaine d’activités, du Bac au Master. Vous avez un site internet et une chaine Youtube."

Vous avez vous-même obtenu votre diplôme par la VAE. Qu’est-ce qui a fait qu’un jour vous avez eu envie, à votre tour, de soutenir les personnes dans leur parcours professionnel?


"J’ai un parcours assez atypique.
Pour des raisons personnelles, j’ai dû arrêter mes études après un BTS en 2007 et j’ai recherché un emploi.
J’ai évolué dans différentes entreprises grâce à des mobilités internes, externes, et géographiques durant plus d’une dizaine années. J’ai d’abord exercé en tant que gestionnaire commerciale, puis obtenu des missions supplémentaires de Formatrice. Ces expériences m’ont permis de changer d’entreprise et de côtoyer des univers différents. J’ai ensuite déménagé pour devenir Manager de proximité, Responsable Administratif et Financier puis redéménagé, pour enfin devenir Responsable de Centre dans le milieu de la Protection Sociale.
Il y a toutefois un fil conducteur dans ma carrière professionnelle : l’accompagnement, la formation et la montée en compétences des équipes que je suivais ou que je manageais.
L’écart entre mon parcours professionnel et ma formation a failli me coûter ce dernier poste de Responsable de Centre car le recrutement s’effectuait au niveau BAC +5. J’ai eu la chance, à l’époque, que la Responsable et la RH privilégiaient l’expérience, plutôt que le diplôme.
C’est ce qui m’a fait découvrir le dispositif de la VAE. J’étais vexée qu’une ligne manquante sur mon CV dans la rubrique « Formation » puisse me coûter un poste, alors que je présentais par ailleurs toutes les compétences. J’ai donc cherché un moyen de corriger cet écart. J’étais à l’époque prête à reprendre un master à la faculté proposé pour les salariés, le vendredi soir, samedi et vacances scolaires. C’était sans savoir alors qu’on pouvait éviter ce retour à l’école, grâce au magnifique dispositif de la Validation des Acquis issus de l’Expérience.
J’ai toutefois repris également en parallèle de cette VAE, des cours à distance de Management financier (Contrôle de Gestion, Analyse Financière…), pour associer une spécialisation à mon Master 2 en Management et Administration des Entreprises. C’est un domaine qui me passionne à titre personnel : comprendre le monde de la finance et des investissements."


La VAE à cet avantage : on se questionne sur le pourquoi, et le comment... Et à force de se poser les bonnes questions, on trouve des réponses.

Racontez-moi quelles étapes vous avez franchies pour en arriver où vous en êtes aujourd’hui.


"En m’interrogeant sur mon parcours, mon expérience, mes valeurs, pour rédiger mon livret 2, je me suis aperçue que j’avais un véritable goût pour la formation et l’accompagnement dans la montée en compétences, missions que j’exerçais depuis une décennie. Ceci étant, je n’étais pas totalement épanouie dans le milieu de l’entreprise. Me recentrer uniquement sur l’accompagnement des personnes et la formation auprès d’un public adulte fut une évidence.
La VAE à cet avantage : on se questionne sur le pourquoi, et le comment... Et à force de se poser les bonnes questions, on trouve des réponses. J’ai par ailleurs validé ce point, avant de me lancer, par un bilan de compétences et un échange suivi avec deux coachs et consultants indépendants. Je conserve d’ailleurs des échanges réguliers avec eux, notamment pour confronter nos pratiques professionnelles et notre expérience.
La réponse logique pour moi fut de démissionner et de me lancer en tant qu’indépendante. L’entreprenariat était une condition non-négociable pour exercer cette nouvelle mission. Il n’était pas question pour moi d’intégrer un groupe de Formation en tant que salarié. Cela ne répondait pas à ce que je souhaitais apporter en terme de services et de pédagogie.
Je réalise d’autres missions dans l’accompagnement des personnes pour leur projet professionnel, mais 90% de ma clientèle est engagée dans une démarche de validation des acquis issus de l’expérience (VAE).

Depuis ce jour, je n’ai plus la sensation de travailler au quotidien. Je fais ce qui m’anime, et c’est une véritable passion.
Ma principale fierté est d’avoir réussi à :
- proposer des accompagnements de qualité
- à un tarif abordable
- pour que chacun puisse avoir une chance d’être guidé
C’est mon pourquoi."

Combien de candidats accompagnez-vous chaque année globalement et dans quel domaine ?

"Une année ne fait pas l’autre. Le confinement en est un bel exemple. Sur la période du premier confinement, j’ai eu plus de 20 demandes d’accompagnements en un mois. Je préfère parfois rediriger ces personnes vers des homologues quand je ne peux pas assurer une prestation de qualité et suivre la personne comme il se doit.
En règle générale, je ne prends pas plus de trois personnes par mois pour un accompagnement complet de à a z, incluant une relecture du livret 2.
Par ailleurs, si je devais afficher une tendance et une moyenne, je dirai que 50% de ma clientèle tentent de valider des diplômes d’État ( ES / EJE / AES / AS …). Le reste se partage entre Licence et Master 2.
J’aide également des personnes engagées dans la validation du BTS MCO / NDRC.
Je réalise moins de prestations d’accompagnement sur les Bacs, bien que les candidats à ce diplôme soient également les bienvenus dans mes programmes d’accompagnement !"

A quoi ressemblaient vos prestations au début ? Quelle a été votre évolution pour en arriver jusqu’à votre chaîne Youtube ?


"Je réalisais des prestations individuelles.
Mais à force d’accompagnement, j’ai constaté une évidence. La méthodologie liée à la VAE ne change pas en fonction des candidats. Il est donc plus avantageux de mettre à disposition la méthodologie pour le candidat et d’intervenir dans un second temps en cas de question.
Ce changement permet de pratiquer des tarifs plus avantageux pour le candidat, et d’arrêter avec ces tarifs beaucoup trop onéreux que proposent les organismes de formation ou d’autres indépendants, qui vous allouent un capital temps avec un tarif horaire élevé, pour répéter bien souvent la même chose à chaque candidat."


"Mon temps n’est pas tarifé. Je suis là tant que le candidat a besoin, et tant que des doutes persistent."


"Par ailleurs, lorsque j’étais en démarche de VAE, je constatais qu’il n’y avait aucune information sur Youtube, alors que c’est un canal important aujourd’hui. Il permet de toucher une plus large cible, au-delà des frontières. La VAE existe, sous des formes différentes, dans d’autres pays. Il y a également des personnes à l’étranger qui souhaitent valider un diplôme en France : j’ai d’ailleurs fait la rencontre récemment d’une EJE qui exerce au Canada et qui souhaite se lancer dans une VAE en France et à distance.
Les conseils liés à la rédaction et l’analyse restent pérennes quel que soit le pays. Je souhaite que chacun, qu’il soit en accompagnement ou non, trouve un peu d’aide et des conseils de premier niveau et ce de manière gratuite. J’ai par ailleurs reçu un commentaire sur YouTube, d’une EJE qui a obtenu son diplôme en Septembre, sans accompagnement en consultant les vidéos régulières que je postais. C’est un très beau témoignage, qui donne beaucoup de sens à mes actions quotidiennes et qui me poussent à continuer."

Quelle discipline prenez-vous le plus de plaisir à corriger et pourquoi ?


"La correction de livret 2 n’est pas réellement la partie qui m’anime le plus. Non pas qu’elle ne m’intéresse pas, mais je ressens davantage de satisfaction à échanger avec les candidats pour les aider à analyser leur pratique professionnelle, à prendre du recul vis-à-vis de leur expérience pour décrypter leur fonctionnement, et à sortir de leur blocage d’écriture. La relecture de livret 2 est un besoin que mes clients ont formulé. J’ai donc ajouté cette prestation pour ceux qui souhaitent en bénéficier."


On sent que les candidats sont perdus avec tous les termes tels que : fonctions, référentiels, situations, expériences, domaine de compétences etc. Qu’est ce qui pourrait les aider à mieux comprendre?


"Chaque candidat est différent. En ce sens, il faut qu’il trouve sa propre logique.
Le chemin le plus court est de démarrer par le référentiel de compétences, en effectuant un travail de synthèse et de traduction sur ce document. Un travail de recherche dans son expérience est ensuite essentiel. L’écriture n’arrive que tardivement dans le processus.
C’est sur ce point que certains candidats commettent une erreur en démarrant directement par l’écriture de leur livret 2.
Essayez de construire une maison sans penser les fondations et vous avez peu de chance qu’elle soit solide et stable ! C’est ce message que je tente de leur faire passer."

Bien souvent, les candidats demandent à consulter des dossiers de VAE pour simplement voir à quoi cela ressemble. Comment pallier à ce manque d’informations à propos de la rédaction?


"C’est justement pour répondre à cette problématique que ma chaîne YouTube existe. Les vidéos sont également résumées sous forme d’articles pour aider les personnes préférant ce support et disponibles sur mon site.
Ces deux canaux offrent une méthodologie à suivre, illustrée par des exemples précis.
Le candidat passe donc de la théorie à la pratique, en étant guidé pour comprendre cet exercice.
J’utilise cette méthodologie dans mes accompagnements, évidemment de façon beaucoup plus complète et détaillée. L’accompagnement étant construit de manière fluide et logique, pour garantir l’avancée des candidats et la production d’un écrit complet et structuré."

Si un candidat vous demandait conseil pour s’entrainer à l’entretien de validation ( = l'oral avec le jury) , quels seraient-ils ?

"Je lui conseillerais de se préparer, de répéter sa présentation personnelle, de relire son livret 2 et de repérer les faiblesses présentes dans ce livret 2 qui pourraient générer des questions (il y en a toujours !).
Je lui conseillerais également de consulter ma chaîne Youtube qui regorge d’informations sur ce sujet, et les articles et guides présents sur le site www.pro-avenir.com
S’il le peut, je lui recommande de prendre un accompagnement pour cette partie : l’oral à lui seul peut invalider l’ensemble d’une démarche."

Concernant les réformes des diplômes du travail social, les candidats semblent pressés de réussir et ont l’air aussi plutôt inquiets. Qu’en pensez-vous ? A quoi doit-on s’attendre ?


"J’ai réalisé deux vidéos sur le diplôme d’EJE et d’ES sur ce sujet pour aider les candidats à comprendre les changements des référentiels de compétences et les impacts sur la VAE.
Le changement fait partie de la vie, les choses qui ne changent pas sont vouées à l’échec. Il était temps de revaloriser les diplômes du travail social, en leur conférent un grade de licence. Il est vrai que pour les personnes déjà engagées dans cette démarche, l’absence de passerelle sur le nouveau diplôme avec les DC déjà validés est un peu dur à avaler. J’espère qu’une souplesse va être trouvée sur ce point.
J’espère également que leur grilles salariales seront revalorisées en conséquence. Pour le reste, et la VAE version « nouvelle réforme », j’attends de voir et de réaliser des accompagnements.
J’ai quelques interrogations, notamment sur la pratique d’une langue étrangère et son degré d’importance dans l’attribution du diplôme."

Quelles sont les erreurs à éviter quand on décide de rédiger seul ses situations d’expérience ?

"Il y en a plusieurs. Les erreurs récurrentes sont de :
- Sélectionner des expériences creuses ou éloignées du référentiel
- Énumérer des expériences sans les développer et les analyser en pensant que le jury fera l’effort…. C’est l’échec assuré !
- Plagier d’autres livret 2 : un contrôle est opéré sur chaque écrit
- Ne pas se relire et laisser des fautes (orthographe, grammaire)
- Ne pas référencer son dossier avec des sources de qualité
- Ne pas aérer son livret 2 : éviter les effets pavés, donnez envie au jury de vous lire
- Fournir du « prêt à penser »
Voici globalement ce que je peux dire sur ce sujet."

Quels sont vos conseils pour ceux qui travaillent et qui n’ont pas le temps de préparer une vae? Comment optimiser leur temps sans pour autant s’épuiser à gérer leur vie professionnelle et leur vie personnelle?


"Je ne recommande pas de se lancer dans une VAE si vous n’avez pas un minimum d’une ou deux heures par semaine à y consacrer.
C’est un vrai sujet à tel point que j’ai réalisé un article et une vidéo sur ce thème :

  • Dicter son livret 2 dès qu’on a une idée : il y a des logiciels traducteurs qui existent
  • Écouter des livres audio/podcast dans les transports pour la partie « bibliographie » du livret
  • Se lever 1h plus tôt une fois par semaine pour travailler sur sa VAE
  • Travailler sur sa pause déjeuner
  • Aller dans une bibliothèque pour se concentrer et disposer de livres
  • Expliquer à son entourage qu’on sera moins disponible durant un certain temps pour éviter les sorties ou les tentations
  • Négocier une journée de télétravail avec son employeur (à défaut d’obtenir un financement) et avancer sur son livret 2 durant ce temps : on travaille beaucoup plus vite en étant en télétravail car on est moins dérangé. Vous pourrez donc réaliser vos missions professionnelles puis, ensuite travailler sur votre dossier de VAE une fois ces missions terminées.
  • Élaborer un planning et s’y tenir : mieux vaut programmer 2h de travail par semaine et les respecter pour s’assurer une avancée, que de programmer 5/6 heures et de sans cesse les annuler."

Le confinement a bloqué ou reporté certains oraux. Que conseillez-vous aux candidats de faire pour ne pas perdre leur motivation et les fruits de leur préparation ?

"De décrocher ! Les candidats étaient pour la plupart prêts et préparés. Profitez de ce temps avec votre famille, lisez, menez d’autres activités. Vous pourrez relire votre livret 2 et votre travail préparatoire une fois que vous aurez la nouvelle date.


Certains entretiens de validation se feront en visio dans certaines régions. Quel est votre point de vue à ce sujet ?


Cela vaut mieux qu’une annulation. Je trouve que cela retire parfois du stress au candidat de la passer en visio. Il est dans un environnement connu, le plus souvent chez lui. C’est une façon moderne de faire face aux aléas de la vie et c’est dans l’air du temps.
Je valide à 100 %."


Avec ce passage des diplômes du social niveau licence, selon vous, la VAE a-t-elle encore un avenir devant elle ?

"Bien sûr. Toutefois, l’exigence liée à ce niveau sera naturellement plus sélective avec les candidats. Ils devront davantage analyser leur pratique, la référencer avec des auteurs de qualité, et élever leur niveau de réflexion.
Certains candidats le font d’ailleurs actuellement déjà très bien.
Des vidéos en ligne sont nombreuses et intéressantes pour tous les candidats. 

Quels sont vos projets pour la suite?


Continuer encore et toujours l’accompagnement des personnes en VAE :
- Vidéos
- Articles
- Guides
- ….
Je souhaite également enrichir les programmes d’accompagnements existants en fonction des retours des candidats qui les suivent, pour coller le plus possible à leurs besoins et leurs réalités.
Le sujet de la reconversion professionnelle est également un thème qui m’intéresse et qui m’anime. Il est possible que je propose quelque chose sur cela l’année prochaine."

Pour plus d'infos, je vous laisse aller consulter le site internet et la chaîne d'Alexandra !


Interview rédigée par Christelle Riollant

Publiée le 5 Novembre 2020

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